Existe-t-il une méthode spécifique à la « socio-anthropologie » ? Le cas des entretiens de longue durée

De plus en plus de textes revendiquent explicitement (1) ou implicitement (2) l’appartenance à ce qui ressemble plus à une sensibilité ou à une approche qu’à une véritable discipline originale ayant un champ propre au sein des SSH. C’est la volonté d’étudier les « mondes de la modernité » sans renoncer au regard et à la mémoire de l’anthropologie, en insistant surtout sur ce que le symbolique offre d’irremplaçable en matière de connaissance, qui caractérisent les auteurs tenant à former un nouveau paradigme ou qui se laissent complaisamment classer sur ce mode.

(1) Cette note critique s’appuie, de manière préférentielle sur quelques auteurs utilisant le terme et le revendiquant : Bouvier, Coenen-Huther, Le Breton, Rivière, (accessoirement Juan si une auto-critique partielle est envisageable, voir en particulier notre livre de 1995), plusieurs de ces auteurs ayant participé conjointement, avec d’autres, aux « Journées d’Etude de la Socio-anthropologie » les 24 et 25 septembre 2003, à la Sorbonne, journées qui accueillaient en particulier Abeles, Bouvier, Farrugia, Gras, Javeau, Juan, Le Breton, Rivière, Scardigli.

(2) Balandier (qui utilise le terme depuis les années 1970 et qui propose celui d’anthropologie de la modernité, de son côté, Cicourel parlait d’anthroposociologie fin des années soixante), en tout premier lieu est sans doute celui qui a le plus anciennement œuvré pour la SA mais beaucoup d’autres auteurs ont suivi ses pas. La vision la plus extensive de ce milieu consisterait à y inclure des corpus tels que ceux de l’anthropologie urbaine, de la vie quotidienne, de la santé, des organisations, des techniques, etc. mais aussi des travaux qui utilisent des techniques de recherche spécifiquement et radicalement SA, telles que les biographies ou les entretiens répétés d’une même personne,. A cet égard, des auteurs tels que Lahire, Coenen-Huther, Delcroix, Lavenu font l’objet d’une recension particulière (cf. infra).

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