Critique de l’(évolutionnisme comme) animalisation de l’homme

L’évolutionnisme comporte une sociobiologie négatrice de l’anthropologie. En cherchant les déterminants naturels de toute action humaine et de tout fait social, le raisonnement biologiste appliqué au social déshistoricise et donc désymbolise le monde. La double naturalisation, de l’histoire humaine et des rapports sociaux, est une des principales caractéristiques de l’évolutionnisme que l’on tend souvent à oublier. A l’idée de mutation plus ou moins automatique des systèmes qui – néanmoins – s’amélioreraient avec le temps, l’évolutionnisme social ajoute celle, bien plus ancienne mais qui se découvre une nouvelle vigueur, d’animalisation des êtres humains. A l’échelle du temps long de l’histoire, il s’agit d’un renouveau car le darwinisme est venu apporter une caution scientifique à un procédé très ancien, aussi vieux que l’attestent les premières écritures mésopotamiennes et sans doute plus encore, consistant à bestialiser les êtres humains militairement et économiquement infériorisés. On pourrait rappeler également que le champ de l’ethnologie et celui de l’éthologie sont aujourd’hui considérés comme distincts – à la première discipline l’humain, à la seconde l’animal – mais qu’il n’en a pas toujours été ainsi.

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